Si nul ne peut présager de l’avenir, on peut au minimum espérer le meilleur, mais on peut surtout se préparer au pire. Nous n’allons pas revenir sur les évènements de ses dernières années, qui nous ont démontré que rien n’est acquis, et que l’avenir est et restera flou. Le General de Gaulle disait « »[1]. Les hommes politiques sont souvent les premiers à nous promettre un avenir meilleur (fin de la crise, augmentation du pouvoir d’achat…), mais expliquez-nous comment font-ils pour prédire des scénarii, comment avec l’appui de la technologie et de grands cabinets de conseils, ils arrivent à prévoir une vision imprécise de ce qui sera notre futur. Une solution s’offre alors à nous : au lieu de rester observateur, d’essayer de comprendre ou essayer d’anticiper, pourquoi ne pas tenter de devenir acteur du nouveau blockbuster : l’inattendu.
Dans une négociation ou dans une course, c’est la même chose. Jamais au grand jamais notre plan initial ne se déroule comme prévu (et heureusement je vous le dirais). Le grand stratège Winston Churchill disait : « Ceux qui planifient font mieux que ceux qui ne planifient pas, même s’ils s’en tiennent rarement à leur plan ». Donnez-nous un exemple de votre vie, où aucun imprévu n’est venu modifier votre plan d’action, et où vous n’avez pas dû adapter votre comportement à ses évènements fortuits. Effectivement, nous nous baladons chaque jour entre ses deux notions, l’improvisation et le planning. Lors d’une négociation ou d’une course, admettez que vous improvisez car vous avez beau avoir pu penser à tous les plans possibles (A, B, C …), ils vont pour la plupart tous planter, car dans beaucoup de cas de figure, aucun des imprévus/aléas n’ont été pensés en amont.
Alors revenons sur la définition exacte de l’inattendu dans le dictionnaire : « À quoi on ne s'attendait pas »[2]. Précis mais un peu vague pour définir les prochains articles qui suivront dans les prochains mois.
Nous prendrons donc comme référence les travaux de Philippe Gabillet, Professeur de Psychologie, auteur et conférencier. Pour lui, l’inattendu c’est :
1. Un évènement fortuit, exemple
2. Un évènement que l’on n’avait pas lieu d’attendre
3. Un évènement qui nous déconcerte, et pourquoi il nous déconcerte ?
4. Parce qu’il nous prend par surprise. La surprise est l’une des 6 émotions universelles, elle est particulière car c’est la seule qui est neutre et ne reste pas dans la durée. Elle prend son sens à partir de l’émotion qui la suivra. Nous reviendrons prochainement sur les émotions et plus particulièrement sur leur gestion dans une course ou dans une négociation.
Continuons ensuite sur les lois de l’inattendu afin de parfaire notre compréhension du sujet.
L’inattendu n’est pas l’imprévisible. Prenons l’ultra trail de la SaintéLyon (une course de nuit en plein mois de décembre) comme exemple. Chaque année, on peut entendre : « préparez-vous au froid et surement à la pluie ». De ce fait l’inattendu favorise les esprits préparés et à l’écoute sinon il se transforme en stupeur.
L’inattendu est un révélateur et un accélérateur, il propose la clé qui va ouvrir la porte devant nous.
Par définition, on ne peut pas anticiper l’inattendu. MAIS on peut préparer les terrains sur lesquels il risque de venir. On en parlera lors de l’épisode sur l’importance de la préparation.
Maintenant énumérons les ingrédients de l’inattendu. Nous avons les rencontres, les bonnes comme les mauvaises. Nous recevons également des informations : « Celui qui détient l'information, détient le pouvoir. Celui qui l'entretien, détient le monde. » Adam Smires. Sur le chemin de l’inattendu, nous allons découvrir des territoires insoupçonnés (appétence aux conflits, empathie, maitrise émotionnelle, compréhension des facteurs de stress). On nous proposera également des demandes fortuites (utilisation de l’intuition ? Importance du facteur chance ? Gestion de l’échec ?), on fera face à des turbulences (neige, pluie, boue lors d’une course). On va faire face à des accidents (mail envoyé à une mauvaise personne) et finalement (heureusement) si nous savons provoquer la chance (peut être un article ?), nous recevrons des opportunités providentielles (recevoir un mail qui ne nous était pas destiné). « La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés. » Louis Pasteur
Et si en fin de compte nous acceptions l’inattendu ? Jean D’Ormesson déclarait « Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu »[3]. Il va révéler notre personnalité, nous mettre en action avec le réel et nous sommes parfois beaucoup plus libre que nous le croyons face à celui-ci. Réjouissons-nous qu’il arrive dans nos négociations ou nos courses, car cela veut dire qu’il va se passer des choses.
Faisons preuve de vigilance sur nos zones à risques et nos vulnérabilités. Il est important de connaitre nos faiblesses pour pouvoir en faire quelque chose et donc de ne pas se faire surprendre. (relative légèreté de notre service IT, un contrat qui devait être signé le dernier jour du trimestre pour faire les objectifs, n’a pu être éditer pour cause de maintenance…).
Durant votre préparation, nous devons travailler sur une visualisation (projection mentale, ligne de mire), afin de connaitre ou nous allons poser les pieds. Pour appâter l’inattendu, donnons-lui une direction, nourrissons-le avec nos savoirs, nos apprentissages.
Ensuite, osons l’improvisation et l’agilité , en envisageant des contre-mesures afin de libérer de la bande passante. Tenons-nous prêt à tirer partie des événements imprévus. Mais attention, n’improvisons que si nous avons été préparés à le faire. Prenons pour exemple les caractéristiques du commercial moderne et d’une visite réussie :
· Il sait présenter avec les supports reçus du service marketing
· Il est à l’écoute de son vis-à-vis
· Il ne force pas la discussion dans une direction
· Il sait rebondir sur ce que le client lui donne
Enfin, osons saisir le moment favorable. L’inattendu est une question de timing, et ce qui n’était pas prévu au départ peut devenir une opportunité sur le moment présent.
En négociation, comme dans une course et contrairement aux idées reçues, le premier travail consiste à réaliser un travail sur soi et non sur l’autre. Si nous ne pouvons pas livrer toutes les batailles, on peut se préparer au mieux à faire face à l’inattendu. Se préparer à affronter celui-ci, c’est aller chercher le meilleur de soi-même pour faire changer le cours des choses. Dans les prochains articles nous tenterons d’expliquer plusieurs mécanismes scientifiques (vitesse de la pensée humaine), de donner des outils pour mener à bien une préparation technique (analyse du contexte, cartographie, stratégies et tactiques)
Pour conclure, posons-nous la question suivante : Et si, pour attirer les opportunités inattendues, nous commencions par en devenir une, nous-mêmes ?
[1] Vœux du 31 décembre 1967
[2] Définition du Petit Robert
[3] https://www.liberation.fr/livres/2000/12/23/good-morning-liberation_348936/
Nous appeler : 06 77 79 07 96