Le doute m’habite. Sous ces faux-airs de teaser putaclick se cache un véritable questionnement. Et si je n’en étais pas capable ?
Et si je n’arrivais pas à terminer la Saintélyon ?
Et si je n’arrivais pas à aboutir à cette négociation ?
C’est la rentrée, et pour recommencer un cycle d’apprentissage et de découverte, il me semblait intéressant de vous partager mon inquiétude du moment. Le doute.
Comment est-il arrivé à moi ? Début mai, je fais le marathon de Pragues. Suite au marathon, la récupération se passe très bien. Je repars courir. Mi-juin, je fais une sortie dominicale avec des amis à Avignon. Et là… BAM… Le coup de mou. Je ne tiens pas 20 minutes. L’incompréhension. La chaleur ? J’ai déjà couru sous des températures estivales. Le repas festif de la veille ? J’ai déjà fait des sorties décrassages d’après fêtes (ce sont des sorties que j’aime beaucoup d’ailleurs. Elles sont difficiles mais quel soulagement une fois terminé de se dire qu’on pu éliminer un peu de surplus englouti la veille). Un peu de fatigue ? J’ai bien dormi pourtant. Je n’ai pas de réponse…
Et là, je focalise… Dans 6 mois, j’ai un trail de 78 kms… Et je bloque. Je doute. Mais comment en suis-je arrivé là ? Qu’est-ce qui m’arrive ? La peur entre dans mon esprit sans aucune ambiguïté, en enfonçant la porte de mon inconscient et en lui disant haut et fort : « je suis là !!!! »
Que fait donc la peur ici ? Comment la définir ? Comment la gérer ? Dois-je faire face ? Comment y faire face ?
La peur est une émotion de protection et d’anticipation générée par un stimulus perçu comme dangereux ou menaçant pour son équilibre[1]. Elle est indispensable à la survie de l’individu. Sans peur, on ne vivrait pas plus de 5 min. On traverserait la rue et on se ferait percuter par une voiture.
La peur permet d’informer l’organisme sur l’existence d’un danger potentiel, augmentant ainsi la vigilance afin de protéger l’intégrité de l’individu par une réaction adaptée.
C’est une émotion qui déclenche de façon autonome des réponses physiques, comportementales et physiologiques de survie ou de préservation dans un but défensif.
C’est une émotion importante à repérer car elle porte sur 2 types de situations :
- L’effroi et la terreur.
- L’appréhension.
Si on voit les craintes et appréhensions, on est capable de permettre à l’autre d’accéder à la possibilité pour l’autre de limiter la peur.
La peur invite soit à la fuite, soit à l’affrontement.
La peur est essentielle à notre survie. On ne peut donc pas l’esquiver. Si on ne peut pas l’esquiver, alors il faut l’accompagner.
Faire « de la peur votre alliée ».
Cela veut dire quoi ? et surtout comment faire ? Parce que dire cela dans une salle face à vous, c’est facile. Mais en vrai…
Dans le cadre de la gestion de vos propres émotions : lutter contre la peur est stérile. Mais elle doit être une mise en condition qui nous donne suffisamment d’énergie pour passer à l’action.
Il y a 2 types de peur [2]:
- La peur due à la projection
- La peur due à l’action.
La peur due à la projection doit être combattue par l’acceptation.
Le temps est passé. J’ai refait quelques sorties qui me confirmaient ce sentiment bizarre, incompréhensible de perte drastiques et rapide de performance. J’ai alors laissé passer le temps. Les vacances scolaires sont arrivées à point nommé. Pas de sortie running pendant l’été. Par contre, on remonte la pente, et on se « teste » sur d’autres sujets. Nage tous les matins pendant 45 min dans un lac. Ça fonctionne. Le cardio fonctionne bien. Les sensations sont bien présentes. Je suis bien. Dernière semaine de vacances, à la montagne. On fait du dénivelé. Le cardio fonctionne bien également. Aucun symptôme. Ouf… ça rassure. Ce n’est pas encore parfait, mais je me rassure comme cela.
La peur de la projection se place ici même, au moment où je me dis que ce satané ultratrail, je ne vais jamais y arriver. Et je franchis le pas de la reprise du sport. Progressive certes, mais reprise quand même. Et vient alors le soulagement.
C’est lors de la reprise que la peur due à l’action intervient. J’ai accepté mon état émotionnel de peur. Et lorsque j’ai vu comment en réalité, l’action s’est passée, au debriefing, je me suis vraiment rendu compte que cette peur-là complétait ma préparation. Elle m’a permis d’affronter l’action.
Une préparation rigoureuse ne vous empêchera pas d’avoir peur de l’action. Cette préparation rigoureuse vous permettra alors de la diminuer lorsque vous ferez face au contexte véritable dont vous remarquerez surement que vous l’avez exagéré… Parce que votre préparation était parfaite.
En négociation les mécanismes sont exactement les mêmes. Pourquoi ? Parce que la réponse apportée à une situation est une réponse cérébrale. Quand une menace potentielle est détectée, c’est le thalamus qui envoie des signaux à l’amygdale [3]. Ces signaux sont envoyés dans le cortex sensoriel qui interprète ces données puis vers l’hippocampe qui analyse le contexte de la situation. Et l’hypothalamus prendra la décision de la fuite ou de la lutte. Cette prise de décision dépendra de l’activation des hormones produites réparant le corps à agir.
Ma préparation de la négociation a été optimale, complète, détaillée et répétée. Malgré tout, mon estomac se noue à l’approche de la salle de réunion. Je sais que mon interlocuteur sera agressif. Cela fait partie de sa personnalité. Je m’y suis préparé. Mais j’ai malgré de l’appréhension à aller discuter.
Je rentre dans la salle et tout entre dans l’ordre. Bonjour, je m’assoie, je sors mes dossiers, je commence ma phrase introductive, et il agresse. Ma préparation étant parfaite, je réponds à l’agressivité. Le doute n’est plus permis. J’applique la théorie sur la gestion des personnalités difficiles. Et finalement, je me rends compte que c’était moins difficile que prévu.
Pourquoi ? Parce que le retour au principe de réalité m’a permis de surmonter la peur due à la projection.
Ma préparation complète m’a permis de surmonter la peur due à l’action… Et de conclure que finalement la situation n’était pas aussi difficile que ce que j’avais prévu.
« Train hard, play soft », ce message a déjà été précisé lors des épisodes précédents. Mais cela explique clairement la situation. La préparation, c’est 80% du travail. Le reste, c’est de l’improvisation pour gérer l’incertitude. Comme en ultra trail.
Gérer le doute, c’est accepter l’incertitude. Gérer le doute, c’est accepter son état émotionnel à un moment donné. Arriver à surmonter la peur pour en faire un moteur et arriver à donner un sentiment positif à mes objectifs, qu’ils soient l’objet d’un négociation contentieuse avec un partenaire commercial mécontent ou qu’ils soient l’objet d’un ultra compliqué à préparer mais pour lequel, je fais face.
[1] In Negociator de M. Mery et L. Combalbert ed DUNOD
[2] In Le pouvoir de l’engagement de F. PIERROT ed.
[3] In Mind & Body Hors série “la peur dans le cerveau".
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